Lord Willingdon entre en fonction comme gouverneur général en même temps que le Canada s'apprête à prendre une nouvelle orientation, tant sur le plan national qu'international, en devenant une nation indépendante. Le changement de statut du Canada fait suite à la Conférence impériale, tenue le même mois, où les dominions ont obtenu leur autonomie, faisant d'eux les égaux de la Grande-Bretagne. Lord Willingdon est ainsi le premier gouverneur général à représenter la Couronne et à agir sur l'avis des ministres canadiens plutôt qu'en tant que mandataire du gouvernement britannique.
Lord Willingdon voyage partout au Canada et rencontre des Canadiens de tous les milieux. Il est le premier gouverneur général à utiliser l'avion pour ses aller-retours entre Ottawa et Montréal. Dans l'un des discours qu'il prononce peu de temps après avoir assumé ses nouvelles fonctions, lord Willingdon entrevoit pour le Canada une destinée qui ferait aujourd'hui le concensus de bon nombre de Canadiens : « Je prie en espérant que notre pays puisse avancer à pas de géant vers l'accomplissement de sa destinée, celle de devenir une grande nation qui exercera une influence importante sur l'établissement de la paix et du bien-être parmi les peuples du monde ».
Le prince de Galles et le prince George, en compagnie du très honorable Stanley Baldwin, premier ministre de la GrandeBretagne, font une visite au Canada en juillet 1927 pour les célébrations du 60e anniversaire de la Confédération. On fête alors le Jubilé de diamant du Canada, et le son joyeux du nouveau carillon installé dans la tour Victoria du Parlement (maintenant appelée Tour de la Paix) est radiodiffusé à travers le pays, le ler juillet. Cette même année, le gouverneur général Willingdon se rend à Washington, où il est accueilli par le président des États-Unis avec tous les honneurs qui lui sont dus. Durant ce voyage, il est reçu par Vincent Massey, le premier des ministres canadiens affectés à Washington (poste qui est devenu aujourd'hui celui d'ambassadeur), qui deviendra lui-même gouverneur général, de 1952 à 1959.
Le gouverneur général Willingdon est un sportif enthousiaste. Il affectionne particulièrement la pêche, le golf, le tennis, le patinage, le ski, le curling et le cricket, et il profite du fait que bon nombre de ces sports sont pratiqués à Rideau Hall.
Lord et lady Willingdon apprécient tous deux les arts et ils décorent Rideau Hall avec des tapis, des paravents et des objets d'art précieux qu'ils ont collectionnés durant leurs voyages en Chine et en Inde. (En 1993, le Grand Salon à Rideau Hall sera restauré dans le style chinois de l'époque de lady Willingdon.) Ils établissent la Willingdon Arts Competition, un concours sur le modèle de la Lord Grey Competition pour la musique et le théâtre auquel s'ajouteront des prix pour la peinture et la sculpture.
Vers la fin du mandat de lord Willingdon, la grande crise commence à se faire sentir et, bien qu'il s'apprête à quitter le Canada pour une nouvelle affectation en Inde, le gouverneur général se montre souvent préoccupé par le sort des chômeurs.
La vie avant et après Rideau Hall
Avant de devenir gouverneur général, lord Willingdon possède déjà une éducation et une expérience tout à fait appropriées à ce poste. Diplômé du collège Eton et de l'université Cambridge, il possède également une vaste expérience de la fonction publique et de l'administration coloniale. Son mariage à lady Marie Adelaide sera d'un grand soutien à lord Willingdon, qui considérera son épouse comme la compagne de sa vie. En maintes occasions, il reconnaîtra l'appui indéniable que celle-ci lui fournit. « Mon épouse, fait-il remarquer, a été une source constante d'inspiration et d'encouragement. » Ensemble, ils ont eu deux fils, dont l'aîné mourra sur le champ de bataille, au début de la Première Guerre mondiale.
De 1900 à 1910, lord Willingdon siège comme député libéral au Parlement britannique. Sa vie politique prend fin, lorsqu'il occupe son siège à la Chambre des pairs après avoir été élevé à la pairie en tant que baron Willingdon de Ratton, le 20 juillet 1910. Lord Willingdon agira ensuite comme gentilhomme de compagnie et partenaire de tennis enthousiaste de Sa Majesté le roi George V.
Lord Willingdon amorce sa carrière dans l'administration coloniale comme aide de camp de son beau-père, gouverneur de l'Australie de 1897 à 1900. Il occupe ensuite le poste de gouverneur de Bombay de 1913 à 1918, puis de gouverneur de Madras de 1919 à 1924. Le 23 juin 1924, il obtient le titre de vicomte Willingdon. C'est lors d'une mission diplomatique en Chine qu'on lui annonce sa nomination, le 5 août 1926, comme gouverneur général du Canada.
Après avoir quitté le Canada en 1931, lord Willingdon occupera le poste de vice-roi des Indes jusqu'en 1936. Dans ce rôle, il aura à relever de nombreux défis, notamment la campagne de désobéisance civile de Mahatma Gandhi. Lady Willingdon laissera en Inde le souvenir d'une personne ayant oeuvré à l'amélioration des droits humains. Une fois de retour en Angleterre, lord Willingdon est assermenté en tant que membre du Conseil privé et est élevé au rang de 1er marquis de Willingdon. Il est l'un des premiers roturiers à obtenir ce rang.
Lord Willingdon meurt en 1941 et lady Willingdon, en 1960.