Discussion d’experts sur la célébration de la diversité dans des villes canadiennes et suédoises (Malmö, Suède)

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Malmö, Suède, le mercredi 22 février 2017

 

SOUS RÉSERVE DE MODIFCIATIONS

Il y a à peine deux décennies, le Canada a tenu une enquête publique d’envergure intitulée la Commission royale sur les peuples autochtones.

Cette enquête avait pour but d’étudier et de surmonter les défis dans la relation entre les Autochtones et les non-Autochtones, et de nous aider à bâtir une société plus juste et équitable.

Le rapport final contenait 4 000 pages et énonçait un programme de changement sur 20 ans.

Vingt années se sont écoulées depuis et, même si nous avons accompli des progrès, il reste beaucoup à faire pour atteindre la véritable réconciliation au pays.

J’aimerais vous citer un passage du rapport de la Commission royale, qui en dit long sur la nature du Canada, un pays d’une grande diversité.

Il est tout à fait approprié :

« Le Canada est le terrain d’essai d’une noble idée — l’idée selon laquelle des peuples différents peuvent partager des terres, des ressources, des pouvoirs et des rêves tout en respectant leurs différences. L’histoire du Canada est celle de beaucoup de ces peuples qui, après bien des tentatives et des échecs, s’efforcent encore de vivre côte à côte dans la paix et l’harmonie. »

Voilà l’histoire du Canada et, de plus en plus, celle du reste du monde.

Nous essayons de vivre dans la paix et l’harmonie. Nous échouons, puis nous essayons de nouveau.

Nous éprouvons tous cette grande notion, et il est vital que nous réussissions.

Laissez-moi vous donner quelques faits à propos de notre pays :

La population canadienne représente plus de 200 origines ethniques et parle plus de 200 langues.

Le Canada compte la plus forte proportion d’habitants nés à l’étranger (20,6 %) de tous les pays du G-7.

Une majorité grandissante de Canadiens considère le multiculturalisme comme un des symboles les plus importants de notre identité nationale. Pour 85 %, la diversité ethnique et culturelle est une valeur commune fondamentale.

De plus, 82 % des Canadiens croient que l’immigration est bénéfique pour notre économie.

Malgré cela, nous sommes encore loin d’être un pays véritablement inclusif et tolérant, car les lacunes sont considérables.

Tragiquement, le Canada n’est pas à l’abri de la haine et de la violence, comme nous l’a rappelé la terrible attaque contre une mosquée survenue récemment à Québec.

Le tiers des musulmans au Canada ont dit avoir été victimes de discrimination ou de traitement inéquitable dans les cinq dernières années. Cette situation est totalement inacceptable.

En ce qui concerne la réconciliation avec les Autochtones, qui représentent quatre pour cent de notre population, nous avons fait des progrès, mais il reste encore beaucoup à faire. Nous nous efforçons de guérir les blessures du passé et de créer un avenir meilleur, en partenariat avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis, mais, malgré nos efforts, les écarts socioéconomiques demeurent beaucoup plus nombreux.

Sur le plan de l’équité entre les sexes, les femmes au Canada gagnent en moyenne 66,7 sous pour chaque dollar empoché par les hommes. Encore une situation totalement inacceptable.

Comme vous pouvez le constater, les Canadiens ont de quoi être fiers de leur diversité, mais n’ont aucune raison de céder à la complaisance. Nous pouvons faire mieux, et nous le devons.

Je suis très heureux d’être ici avec vous, à Malmö, pour cette discussion sur la diversité. Depuis des générations, la Suède encourage les gens autour du monde avec sa nature accueillante et ses efforts pour atteindre une société diversifiée, pacifique et harmonieuse. Depuis le 20e siècle, la Suède est une source d’espoir et d’inspiration pour le monde entier.  

Dans le contexte actuel, la ville de Malmö joue un rôle déterminant dans ce défi et, j’ajouterais même, cette occasion.

Nous avons tant à nous dire et à nous enseigner. Nous devons mettre l’accent sur les façons d’aider les nouveaux arrivants à réussir dans leur pays d’adoption, en Suède ou au Canada.

Nous sommes ici pour échanger nos meilleures pratiques et apprendre les uns des autres. Je crois fermement aux vertus de cette forme de collaboration. Nos deux pays, qui partagent des vues similaires, ont aujourd’hui une occasion idéale pour échanger sur cette question cruciale.

Comme je l’ai dit au Canada, en parlant de la réponse de notre pays à la crise des réfugiés syriens :

Les grands défis font les grandes nations.

Les Suédois le comprennent bien. Vous faites preuve d’une générosité extraordinaire, non seulement par compassion, mais parce que vous comprenez que la diversité, combinée à l’inclusivité, renforce nos sociétés.

L’inclusivité est la clé.

Je suis très fier d’être accompagné d’une délégation de Canadiens distingués, aux vues élargies sur le sujet, pour cette visite d’État en Suède.

Par définition, toute délégation canadienne est formée de membres aux origines diversifiées. En comparaison avec les peuples autochtones, qui étaient les premiers à habiter le Canada, nous sommes tous de relatifs nouveaux arrivants.

Ainsi, nous avons parmi nos délégués Alia Hogben, du Conseil canadien des femmes musulmanes, qui est née au Myanmar et qui est indo-musulmane.

M. Naheed Nenshi, le maire de Calgary, est le premier maire musulman d’une grande ville nord-américaine.

Vous serez tous ravis de savoir que nous sommes aussi accompagnés d’un natif de Göteborg qu’il m’est inutile de présenter : l’ancien joueur de la LNH et le médaillé d’or olympique Daniel Alfredsson!

Les gens considèrent parfois l’engagement envers la diversité comme un idéalisme aveugle, mais ces Canadiens talentueux prouvent que c’est tout le contraire.

L’engagement du Canada à l’égard de la diversité repose sur un ensemble de lois robustes visant à combattre la discrimination et à permettre à l’ensemble des Canadiens de participer pleinement dans la société. En 1971, le Canada est devenu le premier pays à adopter une politique sur le multiculturalisme. En 1988, cette vision a été enchâssée dans la Loi sur le multiculturalisme canadien. Les valeurs et principes de la diversité inclusive sont également garantis par des lois clés comme la Loi canadienne sur les droits de la personne et la Charte canadienne des droits et libertés.

Dans un monde diversifié, mondialisé et complexe, il n’y a rien de plus pragmatique qu’une société inclusive et pluraliste. La diversité d’un pays contribue à la richesse de sa société et lui permet de mieux comprendre les autres pays et de forger des liens avec le reste du monde.

Dans cette optique, quels sont les défis qui se posent à nous? Posons-nous les questions difficiles.

Comment donner aux nouveaux arrivants un accès aux soins de santé, à l’éducation, à la sécurité sociale et à l’emploi?

Comment favoriser l’harmonie sociale? Quelles sont les approches de l’harmonie sociale les plus efficaces? Comment assurer une inclusivité véritable et soutenir le succès de tous nos citoyens, peu importe leurs origines, qu’ils viennent d’arriver au pays ou que leurs familles y habitent depuis des générations?

Voilà les questions auxquelles nous devons répondre, et je me réjouis de vous voir tous ici pour prendre part à cet effort.

Personne n’a jamais dit que la diversité et le multiculturalisme allaient de soi. Cependant, je sais qu’une grande partie des avancées réalisées au Canada, qui célèbre son 150e anniversaire cette année, sont le fruit d’un engagement ferme à l’égard de la tolérance et de l’inclusivité.

Voilà l’histoire du Canada et, de plus en plus, celle de la Suède.

Nous avons beaucoup de raisons de célébrer, et beaucoup à apprendre ensemble.

Puisse cette cause commune cimenter les relations entre le Canada et la Suède! La cause est bonne et la compagnie l’est tout autant!

Merci de participer à cette importante discussion.